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Le blog de Persone

Le complexe d'absolutisme...

5 Novembre 2018, 21:47pm

Publié par Persone

Peut-on nier en écoutant ces propositions et partant du principe qu’Etienne Klein est un penseur pertinent, que nous ne sommes pas victimes du complexe d’incomplétude ?

Nombre de grandes personnalités scientifiques ont ironisé: "ce qui est incompréhensible, c'est que le monde soit compréhensible!" Mais cette proposition demeure opportuniste et vague si elle ne suggère pas que ce qui est incompréhensible, c'est que le monde soit entièrement et absolument compréhensible, rationalisé, contrôlé par l'observateur. J'ai donc une préférence pour la proposition suivante: "ce qui est compréhensible c'est que le monde conserve toujours sa part d'incompréhensible!"

Reprenons les faits : Galilée affirme que le langage de la nature est mathématique ! La proposition fait couler beaucoup d’encre et plus tard, Kant répond que ces dernières sont le langage de l’homme puisque qu’il les a découvertes et utilisées pour forcer la nature à nous livrer l’intimité qu’elle ne dévoilait pas. J’use volontairement d’un vocable différent de celui de Kant dont la proposition manquait quelque peu de romantisme. Les batailles philosophiques concernant le sujet montrent à quel point ces deux conceptions ont été séparées et dressées l’une contre l’autre ! Pourtant, ce que l’homme force lorsqu’il découvre et instrumentalise le réel invisible en partant de ce qui semblait impossible, ce n’est pas « la nature », mais « sa propre nature » ! L’homme doit donc aller au-delà de ce que la nature concède à le laisser voir, mais dans le but aimable de mieux la comprendre ! Avant cela et tout au long de l’acte il se doit de maîtriser sa propre nature, ce qui n’est pas souvent le cas pour ces obsédés que nous sommes !  Mais rien ici ne contredit le fait que les mathématiques sont le langage de la nature, un langage qui va de soi, que l’homme est programmé pour décrypter et éventuellement comprendre ! Note : il est pratique mais totalement erratique de personnifier certaines notions comme « la nature », « la logique » ou encore « Dieu » (…), ainsi j’insiste sur le fait que ce langage « va de soi » : dire que « la vie » s’intéresse ou comprend les maths tel que nous le faisons est absurde. Considérons-les comme une manifestation ordinale et cardinale de la logique participant de la création, de l’évolution et de la fin d’un système. Un outil fabuleux conservant sa cohérence à la fois dans l’abstrait et le concret, comme une « mécanique » intelligente dotée d’opérateurs, de lois, de propriétés, d’applications (…) et de principes permettant l’orchestration symphonique du vide et de l’objet à travers les saisons éternelles. Un outil abstrait que l’homme, par l’usage de la parole et de l’écriture, peut manifester et appréhender tant bien que mal sous la forme d’un langage universel. Faire des mathématiques semble le propre de l’Homme, en abuser aussi ! Les capacités déterminées, les sentiments et le libre arbitre… La logique et l’équilibre des forces et des faiblesses… A méditer.

Zéro, ensemble vide ou plein inatteignable renvoyant à la notion d’infini, zéro et sa cohérence laissant apparaître les notions d’unité et de dualité (notion des ensembles)! Une base fondamentale de 3 et plus si affinité…

  • Des chiffres et autres symboles pour déterminer les ensembles finis et trouver des formes pertinentes propres à signifier les lois, les principes, les choses et les évènements récurrents qui nous entourent et nous constituent.
  • Des nombres qui suivent la logique des chiffres qui les constituent et nous permettent de tout appréhender jusqu’à l’infini. Des nombres de toute nature dont les chiffres nous aident à comprendre la raison, sans nous dévoiler l’indicible : le sentiment.  
  • Des signes : les opérateurs, les comparateurs, les classificateurs…
  • Et des lettres, aussi nommées caractères par une subtile coïncidence ! Des lettres intimement liées aux chiffres par leur agencement ordinal et leur calligraphie diverse.

Nous pourrions dire que l’homme traduit la logique naturelle des choses communément admises par des expressions et des formes culturellement différentes possédant toutes un langage commun : les mathématiques et les relations arithmantiques (sémantiques, arithmétiques et géométriques)  entre les chiffres et les lettres.

Mais cette logique dont tout semble issu, l’Homme peut aussi la vivre, la ressentir et interagir avec elle, motivant une infinité de sentiments sans avoir à compter ou à s’expliquer le pourquoi de la beauté ou de l’érection !

L’inquiétude d’Husserl :

Avoir découvert la mathématique et affirmer qu’elle est le langage de la nature, ouvre la porte d’un progressisme rayonnant fondé sur l’acceptation raisonnable de ce qui semblait impensable : une avancée à double tranchant, au service du génie social et militaire, au service de la grandeur ou de la décadence. Ceci implique une question fondamentale : quelle est la nature de notre empirisme ? La question se décline : force-t-on la nature humaine à repousser l’impossible pour répondre aux contraintes naturelles ou pour compenser des manquements, des faiblesses, des crimes et des viols, conservés sous le couvercle hermétique du déni et de la raison politique ? Si ce déni et cette raison politique font eux-mêmes partie de la logique des choses (libre arbitre relatif dans un monde déterminé), que peut-on en déduire ? Qu’ils font partie des contraintes naturelles ! En l’occurrence, des erreurs dont certaines « capitales » méritent d’être réparées rapidement avant leur complexification morbide !  Aussi, me semble-t-il pertinent de comparer l’humanité à une jeune conscience dont la crise d’adolescence menace la santé et l’avenir. C’est ici que la proposition « nous devons forcer la nature et la contraindre avec notre génie mathématique » se détermine et s’affirme de façon dominante, probablement au grand dam de Kant et refermant de surcroît l’ouverture suggérée par Galilée.  

L’Homme a-t-il posé correctement sa question ? A-t-il fleureté avec la nature ou l’a-t-il contrainte ? A-t-il utilisé les chiffres, les nombres, les signes, les lettres et les mathématiques pour révéler les mystères du sentiment et de la raison ou pour contraindre la matière et compenser ses manques ? A-t-il contraint l’intelligence providentielle de l’enfant à apprendre ses leçons pour que la connaissance lui permettre de trouver la place qu’est la sienne au sein de cette nature généreuse ou pour qu’il marche militairement et économiquement dans les pas de son père ? Je cite Etienne Klein, il évoque la nature, il pourrait tout aussi bien parler de l’intelligence de l’enfant (il approfondit ici l’interprétation « dominante » de  la proposition Galiléenne) :   « Autrement dit, dans le deuxième cas on voit bien qu’il va y avoir un forçage, la mathématique est un langage humain et on va forcer la nature à parler ce langage qui est le nôtre et pas le sien. Autrement dit, on va l’obliger à cracher des nombres alors qu’elle ne sait peut-être pas ce qu’est un nombre… » Pourtant, l’enfant, la nature et la nature des choses sont déterminés et soumis aux règles mathématiques, c’est un fait ! Mais j’ose suggérer, du moins concernant l’enfant, qu’il a des sentiments et sa propre façon d’expérimenter les  lois de la nature ! J’ose affirmer, pour reprendre l’idée d’Etienne Klein, que nous devrions lui apprendre ce que sont les chiffres, les nombres, les signes et les lettres, ainsi que la sémantique et la mathématique, avant de lui bourrer le crâne avec des équations propres à améliorer le moteur de la croissance et de la guerre. La nature quant à elle, nous ne lui posons plus de questions et nous avons dépassé le stade du contrôle ! Le règne animal, à l’abattoir ! Le règne végétal, à la tronçonneuse !     

Selon H. Husserl (Cité par E.K dans la vidéo) :   « Depuis Galilée, l’humanité connaît une crise car elle devient toujours plus étrangère à sa propre essence, elle abandonne progressivement la pensée interrogative, à qui la faute ?... À Galilée… La révolution Galiléenne accomplit surtout la substitution par laquelle le monde mathématique (c’est-à-dire le monde des idéalités) est pris pour le seul monde réel. Le geste de Galilée est à la fois découvrant et recouvrant, il est découvrant pace qu’il fraie la voie à l’infinité des découvertes en physique, mais il est également recouvrant car il recouvre le monde tel que nous l’éprouvons, d’une mathématisation qui l’éloigne de nous et nous le rend étranger. » 

Einstein, avant les doutes métaphysiques qu’on lui reconnaît à la fin de sa vie, était partisan de la seconde interprétation galiléenne citée ici : les mathématiques sont un langage humain avec lequel nous contraignons la nature à nous révéler des choses et à nous obéir. Dans cette optique, il est précurseur de l’idée de Stephen Hawking qui consiste à penser que si l’homme se rend capable de comprendre et de maîtriser l’intégralité des phénomènes ayant participé à la création de l’univers et à son évolution, il pourra aussi connaître objectivement l’intégralité de son futur. Plusieurs questions se posent de nouveau, dont les plus pertinentes se trouvent ici : Est-ce vraiment souhaitable ? De quelle « intégralité » s’agit-il ? Est-elle atteignable ?

Premièrement, le paradoxe de Zénon, le théorème de Gödel, le triangle d’Heisenberg et les confirmations apportées par les derniers travaux en matière de mécanique quantique, prouvent que non ! Le point 0 est inatteignable et s’en rapprocher renvoie à une notion qui nous paraît pourtant opposée : l’infini… Soyez dans un état, vous verrez le monde dans un état réciproque, soyez dans un autre état, vous verrez le monde dans un autre état… L’observateur vivant ne peut être dans la partie et être la partie… La matière dite inerte n’est pas aussi prévisible que nous le pensions… Le principe de localité, adéquate à la théorie de la relativité restreinte, s’efface devant le principe de non séparation de la mécanique quantique… etc. Dans le dernier cas, les deux principes sont mathématiquement vérifiables, mais l’Homme les place face à face, il y ressent un paradoxe, il s’en fait un complexe.

Voilà qui m’oblige à une douloureuse parenthèse pour nos consciences contemporaines : ces révélations agitant toute l’intelligence humaine datent-elles vraiment d’aujourd’hui ? Devait-on attendre que la technocratie ait tout balayé sur son passage pour comprendre la subtilité des principes de création et la double nature des choses ? Pour répondre à cette question, j’évoque ici une des propositions fondamentales soutenues par l’Église chalcédonienne à travers les âges : la nature de l’être, représenté chez les chrétiens par Jésus « Je su(i)s » est 100% humaine et 100% divine. Mais ici encore, la question n’était pas nouvelle. Les philosophes, métaphysiciens et mathématiciens de l’antiquité se l’étaient déjà posée. Au large des côtes d’Akkadie, les stoïciens au gouvernail de leur galère entendirent Dieu est mort ! Une nouvelle façon de concevoir la rémanence et la subtilité de la nature de toute chose, mais surtout l’amer constat de l’insuffisance des dieux et de l’incomplétude de l’Homme. Dieu est mort/Dieu est la vie et donc la mort… Une énigme qui n’aura pas échappé au marteau de Nietzsche. Le chat de Schrödinger est-il vivant ou mort ? Qu’en pense l’observateur ? Et après l’expérience dont une vie dépend, le chat restera-t-il dans ses souvenirs ? Ce souvenir aurait-il une influence sur l’expérimentateur, son entourage et l’univers autour, comme semble  nous l’indiquer le principe de non séparation ?

Pourquoi enfoncer une telle porte ? Je conçois la question différemment : Comment traverser les couloirs aussi indolemment, pour ne pas voir la porte ? Ou comment être assez lâche ou opportuniste pour ne pas la défoncer coûte que coûte ?

Derrière cette porte, se dresse un des plus gros dilemmes politiques concernant les deux derniers millénaires : la sacralité de Jésus ! Les dogmes brodés par les patriarches à partir des premiers principes symboliques consignés par les métaphysiciens ont été les premières transgressions de la pensée comptable au détriment de la pensée méditative ! Concernant Jésus, sa sacralité fut dans un premier temps une stratégie de survie pour les premiers nazaréens. Dans un second temps, lorsque la conversion des romains fut acquise et un nouveau millénarisme mis en marche, la question devint rapidement un des tabous les plus hypocrites dont les chrétiens, les juifs, les musulmans et les laïques payent encore le prix ! Comprendre : la nature de l’être 100% humain 100% divin demeure un principe légitime et une avancée intellectuelle pour l’humanité. Et la majeure partie des questions reposant sur la sacralité de Jésus sont d’ordre politique et honteusement, d’ordre moral ! Peut-être le plus gros Fake de l’humanité méditerranéenne !

Entre la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème, les percées du taoïsme, du confucianisme et du bouddhisme en Europe ont ouvert la voie d’une réconciliation possible des consciences grâce aux théories de mémoire individuelle et collective, de conscience hors du corps et de réincarnation. Dans cette logique, seul Jésus ne peut être concerné, mais tous ! Autrement dit, des principes universels réunissent les connaissances et les susceptibilités sentimentales ou religieuses, mais des mensonges et des fautes supposées inavouables les entre-déchirent. Toutefois, l’espoir fut de courte durée : meurtri par l’entropie de ses frasques et poussé à reconnaître ses manquements, l’Homme civilisé, victime des autres et bourreau de lui-même, a tendance à opter pour la guerre ! La seconde moitié du XXème siècle, c’est le bilan des comptoirs d’Asie, de la guerre de l’opium et d’Hiroshima. Jusqu’au réveil des tigres et des dragons sur une terre désertée par la foi et l’ancienne sagesse.

Ayant développé le sujet dans de précédents articles, je ne reviendrai pas sur les rapports entre le principe de « Sainte Trinité » et le triangle d’Heisenberg, ni sur les origines sémantiques de l’ancien testament ou sur les symboles perdus. Mais devant le bilan catastrophique de notre consumérisme, j’invite le lecteur à une relecture contextuelle et épistémologique de notre Histoire pour trouver enfin un accord raisonnable entre le cœur, la foi et la tête.

Einstein avertissait le monde et particulièrement son ami Ben Gourion : « vous ne pouvez à la fois fuir la guerre et vous y préparer ». Son ami Ben Gourion cherchait probablement à lui faire comprendre qu’il serait amené à fabriquer l’arme, qu’il le veuille ou non, pour une raison contemporaine dont l’origine repose néanmoins sur la récurrence du conflit identitaire et religieux. Une raison contemporaine probablement aussi hypocritement pacifiste que les guerres de religion étaient hypocritement rédemptrices et menées à la gloire de Dieu.

J’insiste encore sur le message du grand et du petit théâtre Shakespearien : la peste soit de vos deux maisons – dixit Mercutio, avant que les amants soient sacrifiés et que le juste quitte la cité proche de la ruine.    

Que notre odyssée et le bilan de cette guerre de 3 soit sous le signe de la réparation !

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