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Le blog de Persone

MINCE, ON Y AVAIT PAS RÉFLÉCHI !

19 Novembre 2019, 17:05pm

Publié par Persone

Bonjour à tous,

Je tenais à partager avec tous une discussion tenue ici avec Andrée Lejeune… Un internaute comme nous tous, avancé sur la toile électronique de la grande tisseuse, à la recherche d’on ne sait qui, d’on ne sait quoi… La vérité peut-être ? Non ! Ça fait peur ça, faites comme si je n’avais rien dit…  Au départ le sujet paraissait banale : une simple discussion de gout et de couleur à propos de musique. Cependant, le cœur « full of life » et la perspicacité du jeune bulbe de mon interlocuteur ont fait prendre au dialogue une toute autre tournure. J’allais écrire que cela pourrait intéresser tout le monde, qué naïf je suis encore ! Mais quoi qu’il en soit, tout le monde est concerné :

André me faisait remarquer que malgré son penchant pour la production musicale « américanisée », il était sensible à ma liste de lecture, la discussion s’est élargie ici…

Persone : « américanisé », j'ai remarqué (et ils ne font pas souvent dans la subtilité les bougres!), mais cela dit tu connais ton sujet bien mieux que de nombreux amateurs de clichés yankee! Ah, au fait, the Stooges et son titre très délicat ne vient pas de moi! Je ne kiff pas trop d'ailleurs, c'est le genre de musique qui me fait penser aux consternant penchant de la culture occidentale dite moderne:

« Tantôt on est plein de regret, de morale ou de compassion (en général après avoir dépassé certaines limites, comme coloniser les autres par exemple), dans ce cas on joue de la métaphore poétique, gracieuse et mélodieuse...

Tantôt on se prend pour les héros, les sauveurs, les maîtres de la situation (grâce à nous le monde est enfin libre), dans ce cas on sort les trompettes et les tambours en copiant Beethoven s'il faut...

Tantôt on se la fait plutôt trash, genre j'suis la génération rebelle, j'ai des chaines à 50 dollars sur mon falzar et j'emmerde les vieux cons, dans ce cas on dégaine le style cacophonique, diabolique s'il faut, en faisant grincer la guitare électrique sans pour autant avoir le talent de ceux qui peuvent le faire (Hendrix par exemple)... »

Ceux qui se prennent pour les maîtres du monde, planqués derrière les auras "prestigieuses" d'un César ou d'un Christophe Colomb, ne sont que de foutus ados égocentriques en crise permanente et portant le poids des crimes de ceux qui les ont précédés!

André : Je tiens juste à te dire de ne pas trop critiquer la musique avec ta tête, ton cerveau et tes connaissances; c'est essentiellement un art qui va et veut t'arracher le cœur et émouvoir; c'est à partir de ces prolégomènes que tu dois partager ton jugement; bonne soirée

Persone : Je suis d'accord et cela concerne l'ensemble des œuvres d’inspiration  créative: un jugement rationnel d'une création à la fois abstraite et pensée raisonnablement (si elle l'est) ne peut être complet et donc raisonnable! Voilà qui me fait penser au formidable début du film "le cercle des poètes disparus" (intervention magistrale de Robin Williams jouant un prof de littérature ou de philo)!!! Bref, tu as raison, une œuvre contenant sa part d'abstrait (transcendance et immanence) montre mieux qu'un objet usiné, toutes les limites de la raison, et c’est bien heureux, mouarrrffff! Même une dob mondialement reconnue comme telle peut par exemple toucher qui elle concerne intimement et par là même sauver des vies, des vies qui n'auraient pas su trouver le souffle pour résister à la tentation de se laisser mourir dans notre éteignoir empirique raisonnable! En revanche, en précisant que le post sur le "lézard" (the Stooges – I wanna be your dog) n'était pas forcement de mon gout, je pensais simplement que ce contraste avec l'harmonie que j'évoquais dans les miens n'était pas forcement pertinent.

Je m'explique: il y a peu j'ai bossé sur l'influence et l'origine de la musique trash et du cinéma violent... Je ne vais pas faire une dissert détaillée mais grosso modo, dans les années 60, les états se sont aperçus que les crimes déniés que nous commettons collectivement nous affectaient plus que les toubibs de la société (laboratoires idéologiques) ne le pensaient auparavant! Ils ont aussi compris que nous nous apercevrions dans peu de temps, pour cause d'évolution des techniques de média, que notre bonheur matérialiste reposait sur le sang des colonies et sur des illusions trop vulgairement préfabriquées! Bref, il s'agissait de passer la vitesse supérieure et au passage, de banaliser la violence sous toute ses formes. Une façon de laisser les révolutionnaires venir en leur offrant ce qu'ils voulaient: sexe, drogue, et rock'n roll. Le but était aussi de privilégier la révolution des Hippies pour étouffer dans l’œuf les appels à union plus structurés, voir militaires (milices populaires). Ces mouvements posaient un problème particulier : de nature universaliste ou directement focalisés sur l’illégitimité de la supériorité de la race blanche, focalisés aussi sur les falsifications de l’Histoire, ils menaçaient de détrôner les deux épouvantails instrumentalisés par l’establishment depuis la seconde guerre mondiale : le rouge et le noir. De cela sont nés des accords entre la gauche et la droite, entre les démocrates et les républicains : les images violentes, les cigarettes, les drogues et la musique trash, sont de bons palliatifs pour apaiser les crises des soldats ayant témoigné sur les champs de bataille des conséquences de la folie humaine. « Mettons tout cela en vente libre, drogues mises à part sous secret défense ! » Pourtant, les anciens combattants de la grande guerre ne mangeaient pas de ce médicament là et n’en n’auraient pas voulu. En fait, il fonctionne surtout sur les acteurs de nos nouvelles guerres exotiques dites propres et démocratiques ! Logique non ? Je sais, c’est horrible, mais c’est ainsi. Or depuis la seconde guerre, on sait que ce qui fonctionne sur un militaire ne peut que fonctionner sur les vaches ordinaires… Remède de cheval oblige ! Bref, la violence larvée du monde hypocrite que nous avons bâti ne peut que ressurgir dans nos rues et le métissage du monde, accéléré pour d’économiques raisons, n’arrange rien à l’affaire !  Pour le pouvoir exécutif, il y a donc à terme le risque d’être dépassé par la situation… A moins de permettre que la colère, la haine, la rage, l’horreur et le sexe exprimé dans sa version la plus hard (…), puissent se consommer en privé et de préférence par écran interposé. Un instrument de catharsis à échelle globale était de mise !  Et faut-il le dire, non avons encore joué avec le feu technologique pour lui demander un nouveau Dieu : notre propre reflet. Un Léviathan illusoire et intouchable, doté d’une IA au final plus instruite et libre de droit que nous !  

J'ai aussi étudié l'influence des rythmes (boucles) sur le cerveau lorsqu'on écoute de la musique quotidiennement, ce qui n'était pas le cas avant l'apparition des radios. Les résultats font peur! Malheureux camionneurs, malheureuses caissières de supermarchés, malheureux imbéciles heureux portant casque d’écoute et portable connecté du dodo au boulot et du boulot au dodo…  

Et enfin, j'ai étudié l'influence de la pratique de la dérive, un terme technique depuis les années 70, qui désigne la pratique collective du passage hâtif à des ambiances variées. Une pratique de masse qui n’existerait pas sous cette forme sans l'instrumentalisation politique et financière du progrès. Là, les résultats sont désastreux, y compris en matière de santé (équilibre hormonal et sens de l’équilibre sous toute ses formes).

Bref et rebref, je ne pouvais pas résister à cette petite précision sur mon post, sans pour autant pouvoir expliquer tout cela! Mais comme tu es perspicace monsieur, je te devais réponse. Pfff, c'était long, je rentrais du travail, ça m'a achevé 🙂 V voir si j'ai d'autre messages ou coms sur le feu et dodo!

André : Merci; tes propos sont fort intéressants et bizarrement ressemblent à ceux que grand-papa tient quand il parle des années soixante et soixante-dix; bon repos et beau dodo; à plus

Fin du fil…

A méditer, non ?

Bonne semaine à tous.

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