Génétique du langage (la magie pour les nuls partie I et 2)
Partie 1 : La magie et les magiciens
Sans la similitude et la différence, rien ne pourrait se manifester, rien ne pourrait se développer, rien ne pourrait se définir (être par distinction, par définition). Rien, pas même l'absence donc. Toute entité ou phénomène, que nous pouvons réduire à l'état d'unité de référence est soumise au principe de dualité et de relativité, l'unité au point zéro étant le rapport systémique du point à l'ensemble. Un ensemble où s'opposent et s'associent les forces qui témoignent de l'activité du vide et des particules "brillantes" composant la matière : citons les forces de l'absence et de la présence pour rendre hommage à la poésie de la vie, ou les forces de l'ordre et du chaos pour faire un clin d’œil à son ironique immanence, citons les forces du mouvement et de l'équilibre, les forces de contraction et d'expansion, les forces de l'oxydation et de la réduction...
"Rien" par exemple, ne ferait pas sens sans un "milieu", disons un état intermédiaire, qui le distingue de tout. "Tout" et "rien" étant à la fois semblables et différents : semblables par leur infinitude, leur nature extrême, inatteignable, impossiblement absolue. Différents par leurs caractères, disons leurs signatures respectives indiquant (signifiant) ce vers quoi ils tendent. Un couple, soumis aux principes d'opposition et d'unité, d'attraction et de répulsion, un potentiel donc, auquel nous devons notre "milieu", en d'autres termes l'uni/vers, le siège de la vie, le "repère" de l'observateur, le domaine du relativement fini, relativement uni, relativement vide, relativement plein. Ici l'observateur humain est l'unité relative qui appréhende la part de ce qui tend vers l'infiniment vide et celle qui tend vers l'infiniment plein.
Il en va de même pour le haut, le bas, le plus, le moins, le neutre, pour le passé, le présent ou le futur. C'est ici, c'est-à-dire nulle part, que demeure le langage et la possibilité d'extension d'une "île" de 3. C'est aussi ici que la relativité prend son sens, entre deux semblables et un différent.
Le langage se produit entre et en toute chose, témoignant de l'ordre et du chaos caractéristique du jeu des ensembles. Il est dans la nature de la cause, dans la nature de la conséquence et dans la nature des processus qui les opposent et les relient. Révélateur du principe d'immanence, le langage est le messager des relations entre l’extérieur et l'intérieur.
Notons que pour le cerveau humain, disons son esprit, l'intérieur est appréhendé comme le micro (ce qui compose le corps, la cité, l'état...) et l'extérieur comme le macro (le monde autour, l'univers que l'on appréhende), rien d'extraordinaire ici, mise à part le vertigineux complexe de dialectique, d'architecture et de territoire que cela engendre chez cet animal politique conquérant à tendance sédentaire et insatiable.
Le langage témoigne aussi des phénomènes épigénétiques, du morphisme emprunté par la vie, ainsi que des phénomènes sociaux ou de la mécanique des systèmes concernant le vivant ou l'inerte...
Doté de mémoires complexes, de préméditation et d'une grande facultés analytiques, Sapiens distingue et défriche le sensible, le perceptible et l'intelligible, jusqu'à pénétrer le domaine de l'abstraction dans lequel il puise la substance de son art et le pouvoir des mathématiques. Mathématiques qui remettront en question la plupart des diktats politico-religieux véhiculés sur ce "Saint-Esprit" (le langage) reliant émetteur, récepteur, transmetteur (messager) et transmission (message). Avec ces outils, l'Homme apprend à maîtriser les sciences avec lesquels il peut expliquer, de façon cohérente et véhiculaire, le monde qui l'entoure et le constitue.
Autant dire que la magie du langage donne des ailes à un oiseau ou des nageoires à un poisson, mais à l'Homme, qui appréhende cette magie de façon consciente et expérimentale, elle offre la possibilité de fabriquer tout type d'engins aériens ou nautiques.
Questionnés et retranscrits par la "main de notre cerveau", les chiffres et les premières formes géométriques dévoilent des propriétés sémantiques qui entrent en cohérence avec la façon dont nous appréhendons les objets, les concepts et les phénomènes qui nous entourent et nous constituent. Entre autres, le langage abstrait nous permet de poser les questions de l'unité, de la dualité, du ratio, du fini et de l'infini… Remarquons que trois éléments interactifs, dont deux semblables et un différent, suffisent à nous renseigner sur les bases de la relativité, cette relativité qui concerne tout y compris notre jugement ! Toutes ces notions nous ont amenés à l'instrumentalisation des anneaux mathématiques, pour le meilleur et pour le pire. Disons l'instrumentalisation des interactions entre les ensembles et les sous-ensembles, jusqu'à la moindre particule, la moindre propriété, le moindre signe, selon des lois et des bases constantes vérifiées permettant de faire entrer les données variables en cohérence. Notons aussi que nos bases de numération, de géométrie, de musicologie et de lexicologie relèvent d'un même processus datant de l'Antiquité et mis à jour au fil des âges et des découvertes. Un processus "arithmantique" auquel l'Homme doit le pouvoir de ses arts libéraux.
OR c'est en découvrant la matière, c'est-à-dire les interactions entre la matière qu'il observe et lui-même, que l'Homme a réalisé l’extraordinairement, intrigante, fascinante, érotique (....) magie du langage.
En quelques mots : le groupe a un besoin vital, un ou plusieurs de ses éléments trouvent l'idée (esprits sages) ou fabriquent l'outil nécessaire (esprit d'ingénierie)... Que font-ils ? En ces temps d’innocence relative, l'Homme connaissait irascibilité et la violence, mais pas la guerre, ni la préméditation inhérente à l'enflure des intérêts particuliers (une expérience que devra assumer Sapiens, son successeur). Donc, celui qui a trouvé transmet et se fait une joie de le faire. Un premier rapport à la connaissance de la matière et au pouvoir de l'objet manufacturé qui deviendra notre perdition.
Cette érotique expérience s'est produite il y a quelques millions d'années, lorsqu' Homo erectus a compris l'influence qu'il avait sur la matière inerte et vivante, lorsqu'il a façonné ses premiers outils et ses armes auxiliaires.
Toutes ces notions synonymes de grands pouvoirs et de grandes responsabilités se révèlent d'elles-mêmes dans la magie cachée de nos mots, ces particules complexes possédant une ou plusieurs significations. Un sens différent suivant le contexte ou le prisme d’observation par exemple, ou encore un sens codé qui se révèle dans l’étymologie du terme, dans sa construction lettre par lettre et/ou dans sa valeur numérique.
Remontons aux prémices du Néolithique, lorsque notre versant Abel (le berger nomade et chasseur cueilleur ne connaissant pas la guerre) n'avait pas encore subi le coup de grâce de notre versant Caïn (le sédentaire matérialiste et conflictuel). En ces temps, l'Humanité avait senti la terre se réchauffer après l'ère glacière et vécu les catastrophes terrestres et atmosphériques qui en avaient découlé. La sédentarisation était l'assurance de la conservation du feu, de la transmission, ou du relais des voyageurs. En outre, le sucre et la graisse produits par les cultures étaient un gage de baby boom. L'Homme n'avait pas encore fait l'expérience de la cohabitation entre voisins soumis à une croissance consumériste. Une croissance matérielle proportionnelle à l'entropie les relations intérieures et extérieures, croissance indissociable du développement complexe de l'architecture des langues véhiculaires.
Ces temps correspondent à la fin de l'âge de pierre, succédé par l'âge de bronze qui annonçait toutes les promesses des relations entre l'Homme et le métal. Des temps reculés dont nous avons conservé peu de traces, précédant l'écriture et la civilisation telles qu'on les conçoit de nos jours. La fin d'un âge d'or et d'errance intelligente où les hommes assumaient l'absence érotique de langues véhiculaires ou de bases numériques et lexicologiques communes. C’est ici, durant les cinq millénaires suivant l'ère glacière que la tradition orale est née, cette tradition qui enseigne l’odyssée de l'Homme dont la mémoire a été balayé par la fureur des dieux de la terre et du ciel : par la glace, les déluges, le feu et les nuées ardentes.
Comment se sont structurés les dialectes des chasseurs cueilleurs nomades que nous étions durant un âge de pierre qui remonte à plus de deux millions d'années ? Par l'assemblage des "plus petites unités morphologiques de langage que nous avons en commun (ce qui deviendra les voyelles et les consonnes en tant que particules non composées, propres aux principaux alphabets véhiculaires) selon nos différentes affinités et expériences culturelles. Chaque peuple possède ses affinités de morphisme et ses analogies sémantiques propres, tout comme chaque langue possède ses propres architectures de phonèmes et de phones composant les mots. Mais ces assemblages phonétiques ne se sont pas construits au hasard, sans le moindre protocole, sans la moindre comparaison entre nos différentes cultures et sans d'importants efforts de conceptualisation. Cette odyssée commencée par Homo erectus sera perpétuée par Neandertal et Sapiens. Sapiens dont la colonisation des terres du Nord, de l'Est et de l'Ouest débute il y a environ 75 000 ans, avant que la fonte des glaces et son lot de catastrophes ne redistribue les données existentielles et la carte des territoires. Mais gardons à l'esprit que c'est Homo erectus qui a commencé cette odyssée, et que Néandertal était un nomade et un chasseur bien plus endurant que Sapiens.
Néanmoins, Sapiens maîtrise l'outil manufacturé, l'art et les ingrédients ! Ce qui lui permettra d’imprégner la roche des traces de son langage pictural, et de nous laisser des poteries ornées témoignant de sa maîtrise de l'abstrait. C'est ici qu'il convient de se poser la question de la véritable origine de l'écriture, qui a nécessairement influencé nos architectures orales. Mais Sapiens a-t-il vraiment tout inventé ? Nos ancêtres préhistoriques ne sont pas réputés pour avoir inventé l'écriture, à tort ! Concernant Sapiens, les spécialistes affirment que complexité de l'élaboration d'un biface va de pair avec sa maîtrise du langage, mais que dire de la gestion du feu, de la cuisine, de l’équarrissage, de la manufacture du vêtement, de l'identification du gibier, de la distinction entre les plantes (...) ? Que dire du rouge ? Que dire de l'expression de nos sentiments communs, que nos ancêtres ont eu le temps de développer durant des centaines de milliers d'années ?
Associer une vocalisation à un sentiment, un concept ou un objet, ainsi que faire apparaître un signe sur un support pour exprimer quelque chose à un semblable qui comme vous débute dans la découverte du langage, c'est un art qui date de la Préhistoire et précède vraisemblablement le langage oral structuré. Et pour confidence intime, j'oserais dire que les œuvres architecturales (phoniques ou inscrites sur la matière) réalisées par de simples animaux en période nuptiale par exemple, prouvent que cet art se confond avec les premiers pas sociaux de la vie. Le langage est une histoire de particules en mouvement, des particules simples ou complexes, exprimant des natures et des formes en s'adaptant à des forces, des positions et des vitesses relatives. Tout comme la logique, le langage est un domaine non figurable, non temporel, dont les premières manifestations dans ce que l'on nomme le réel, le matériel, semblent l'effet thermodynamique et la brillance des particules. A ce stade, le langage annonce la partie, une architecture en mouvement, que nous appelons notre univers. La vie doit donc son existence au langage, qui demeure à sa disposition, y compris pour expliquer cet univers à l'observateur humain qui en est le fruit le plus sophistiqué, en quête de solution. Le langage est à la fois la partie et dans la partie, il est un principe messager immobile qui circule en tout sens et toutes directions. Un messager qui aide à percevoir, à ressentir, à comprendre, à figurer, à exprimer de toutes les façons possibles et imaginables. Un Thot ou un Hermes in/dissoci/able du domaine originel des dieux tels qu'ils soient, un Saint-Esprit indissociable de ce qui crée et de ce qui est créé. Ni Di/eu, ni le di/able n'y changeront rien, disons quoi que ce soit.
La naissance des langues véhiculaires transmises par l'écriture correspond à la rencontre entre les premières cultures sédentaires développées au rang d'Empires. Une révolution linguistique qui bouleversera les croyances et les pouvoirs politiques, dans laquelle les populations nomades et frontalières jouèrent un rôle capital malgré leurs délicates "position et itinérance" entre Léviathans. Les commerçants itinérants, les exilés, les premiers aventuriers découvreurs ou les pèlerins demeuraient témoins de la diversité "chaotique" du langage, autant que de ses bases communes héritées d'un temps perdu. Témoins, rapporteurs et ingénieurs en matière de moyens d'échange et d’évolution des langues.
Partie 2 : La magie et les apprentis sorciers
Pictogrammes, idéogrammes et phonogrammes :
Les premières formes d’écriture furent à la fois imagées (pictogrammes) et abstraites (idéogrammes). Dans un premier temps, l'idéogramme permet de graphier des idées, des sentiments, ou des concepts non perceptibles à l’œil. Il permet aussi de graphier les objets communément perçus lorsque l'art du dessin n'est pas acquis. De ce point de vue, l'idéogramme précède le pictogramme. Les idéogrammes relèvent du domaine du symbolisme, les Hommes ont rapidement compris leur pouvoir, y compris celui de représenter les nombres. Un chiffre est un idéogramme très particulier, il est un objet abstrait qui exprime des propriétés arithmétiques (numération, comptes et décomptes), géométriques (formes significatives des nombres figurés) et sémantiques (notions d'unité, de dualité, de "triangularité/relativité/trinité", de quadrature, d'angularité...), entre autres principes élargissant le champ d’action des propriétés des chiffres et des nombres). Remarquons particulièrement la notion de vide et d'infini qui constituera un complexe sémantique jusqu'à l'admission du zéro en tant que nombre à part entière.
Les pictogrammes et plus encore les idéogrammes, ont enrichi les champs lexicaux propres à chaque culture et permis d'établir les premiers langages communs nécessaires aux échanges. Il s'agit là de l'influence de la conceptualisation et de l'écriture sur l'oralité. Mais nous n'avons pas encore abordé le phénomène inverse: l'écriture phonétique et l'élaboration des phonogrammes dont la construction savante, particule par particule, engendrera le langage alphabétique. Il s'agit là de l'influence de l'oralité sur l'écriture. Gardons à l'esprit que le langage répond au principe d'immanence. L'écriture phonétique de type alphabétique a commencé par la réforme et la réduction maximale de certains pictogrammes et idéogrammes communs à plusieurs régions en interaction, dont les nouvelles formes furent utilisées pour graphier de façon cohérente les plus petites unités "phonosensibles" dont nous disposons pour communiquer. L'architecture de la lettre se construit par analogie, par abstraction, par numérisation figurative... et la recomposition des dialectes voisins en ce nouveau langage véhiculaire se fait au fil du temps, en jouant avec la musicalité des sons et en pratiquant le langage des oiseaux dans sa plus noble et alchimique version. Dans cette symphonie, des langues se transforment, meurent et revivent. Cette révolution de l’écriture, jusqu'à sa réduction lettre par lettre (plus petite particule manifeste et commune de langage) a donc commencé par le jeu du rébus ontologique avec des particules déjà composées qu'il fallait déconstruire sans les dénaturer. Malgré la différence de nos différents alphabets, cette révolution réductionniste est un premier pas, un grand pas, vers un accord de langage universel (la science, la sémantique, la linguistique) qui devra passer par les affres de l'exercice du pouvoir avant de se révéler. C'est-à-dire la guerre et le mythe persistant du choc des civilisations.
Les différentes formes d’écriture portées par les pictogrammes, idéogrammes et phonogrammes, découlent les unes des autres ; elles sont indissociables malgré leurs réformes et l'abandon des anciennes architectures obsolètes. Au cours de leur développement, les premières civilisations pratiquaient préférentiellement l’une ou l’autre de ces méthodes ou un mélange des trois. L’écriture cunéiforme, par exemple, est un mélange d’idéogrammes et de phonogrammes.
Notons aussi que les phonèmes (constructions phonétiques), influencés par la conceptualisation, la figuration et l'écriture (et ayant influencé ces dernières) ont une nature morphologique, sensorielle, analogique et analytique qui n'attendait que les langues véhiculaires arithmantiques pour se structurer et permettre à l'Humanité de construire ses langues modernes en fonction des données fournies par le réductionnisme, en d'autres termes en fonction des lois dites universelles qui participent de la composition des vides, des particules et des atomes qui caractérisent la création.
Les constructions phonétiques monosyllabiques ou composées, qui finiront par être réduits jusqu’aux lettres composant les alphabets (consonnes et voyelles), sont les premiers sons émis par l’Homme lorsqu’il a ressenti le dedans et le dehors : lorsqu’il a éprouvé la peur, la douleur, l’amour, la joie, le doute (…) et l’envie ou le besoin de se nommer, de nommer l’autre, de nommer l’objet et d’en parler. Le sens des phonèmes est lié à l’émotion ressentie par un stimulus, traduite par une réaction vocale. Les premiers cris des nouveaux-nés, les premières consonnes balbutiées par les nourrissons par exemple sont communs à tous les Hommes, tout comme les sons correspondant aux lettres A et I indiquent communément la douleur ou le rire. Notons que c'est en observant nos enfants, dans leurs premiers jours, mois et années de développement, que l'on peut reconstituer l'acquisition du langage par l'homme et combler les vides archéologiques.
L’invention des lettres alphabétiques par la réforme des signes et la déconstruction des architectures phonétiques a commencé par le besoin d’un moyen de communication commun entre l’administration égyptienne et les régions avec lesquelles cette dernière pratiquait des échanges. Cette découverte ne vient pas d’Égypte, mais des immigrés issus notamment de l’Asie centrale, qui y vivaient en tant qu’esclaves, carriers ou modèles d'intégration. Rappelons-nous ici des nomades, itinérants et frontaliers cités plus haut en tant que principaux témoins, acteurs et créateurs de l’unité et de la diversité des langages. Un fois encore, on remarque que les notions de langage et de voyage à double sens sont intimement liées ! L’odyssée de l’écriture est un pèlerinage sous le signe de l’immanence. L'archéologie du langage a montré de nombreux exemples de l'influence des hiéroglyphes égyptiens sur l'alphabet protosinaïtique dont découlent la plupart de ceux qu'on utilise de nos jours. Ainsi l'ancêtre de notre A est fort probablement une recomposition du hiéroglyphe représentant une tête de bœuf associée au son A en tant que plus petite unité phonétique débutant le nom de l'animal dans les langues sémitiques (le bœuf y était communément désigné par des variantes d'une base phonétique composée des sons correspondant à nos lettres A, L et F (ou PH). Cependant, ce système d’association de pictogrammes égyptiens à la réduction de bases phonétiques communes utilisées par les populations périphériques pour désigner le même concept ou le même objet, n'est qu'une première approche pratique de l'écriture alphabétique. Car la tâche d'un alchimiste du langage, lorsqu'il entre dans le domaine de la déconstruction jusqu'à entrevoir les particules et leur nature relative, est d'être aussi cohérent que dame nature lorsqu'il définit ces micro éléments de langage qui demeureront le sable de nos architectures linguistiques véhiculaires, alors que les mots et les langues elles-mêmes, sont voués à se développer, à se transformer et à se dissoudre, pour renaître sous d'autres formes. La cohérence, c'est la déconstruction et la reconstruction protocolaire d'éléments manifestes devant répondre à des règles strictes qui tiennent d'un accord entre les arts mathématiques, géométriques, musicologiques et sémantiques. Une tâche digne du stricte génie scientifique dirait-on de nos jours ! Une tâche religieuse donc, pour l'époque. Pour que le son, l’image et l’idée correspondent de façon logique, il est nécessaire de travailler la valeur signifiante de la lettre, de la faire évoluer d’un point de vue graphique (signification géométrique) et de lui attribuer une valeur numérique relative à sa valeur signifiante. Cette valeur est exprimée de façon graphique (géométrie analogique) et de façon arithmétique (ordinale et cardinale) par le rang de chaque lettre dans un alphabet.
Dans son évolution, l’écriture représente donc un challenge de réduction et d’unification cohérente de sa composition arbitraire (conventions pratiques et variables culturelles) et logique (universelle). Génial ! Il existe donc un pont révélateur entre la science et la religion ! A-t-on envie de s’écrier… Certes. Cependant l’odyssée du langage s’assombrit nettement avec le choc des civilisations et les copyrights de la connaissance par les Hommes de pouvoir en conflit permanent.
Il convient ici d’évoquer une histoire oubliée par l’Histoire, un conte oublié par les comptes, une histoire de chiffres, qui sont autant de valeurs que de principes :
Le premier alphabet protosinaïtique (ou protocananéen) fut donc la conséquence des échanges et des nécessités dialectiques entre les peuples de la Mésopotamie et l'Égypte, il y a plus de 3 000 ans. La Basse Mésopotamie étant la région qui a vu naître la civilisation sumérienne puis le royaume des Akkadiens dont les derniers souffles emportés par le vent ont véhiculé une énigme spatiotemporelle au point 0 reprise par le bilan Nietzschéen : "Dieu Est Mort". Les méandres de l’Histoire conflictuelle entre les juifs et l’Égypte trouvent ici leur fondation noueuse. Un anneau abstrait autour duquel s’affronte un empire de NOMS assimilant la notion du divin à un ensemble de divinités (les chiffres et les nombres encore privés de zéro) et une entité sociale errante en construction, composée d'Hommes partageant la vision commune d’un Dieu unique, mais inatteignable (le zéro sémantique, qui attendra la percée des mathématiques indiennes pour devenir un chiffre à part entière, distingué du néant). Or, l’alphabet linéaire protocananéen a vu le jour aux alentours du règne d’Akhenaton, réputé pour être le pharaon excentrique qui tenta d’imposer à l'Égypte un dieu unique au-dessus de tous les autres. Globalement, depuis dix siècles avant notre ère (une période de bouleversements qui marque le passage de l’âge de bronze à l’âge du fer), l’Égypte entretenait des relations tumultueuses avec cette entité voisine qui donna naissance aux royaumes d’Israël et de Juda. Cette époque est marquée par une redistribution des forces et la naissance de nouveaux pôles d’échange. Notre alphabet protosinaïtique sera porté vers l’Ouest, par le Nord et par le Sud, grâce au rayonnement de l’entreprise phénicienne. J’ajoute ici que les chiffres arabes universellement admis de nos jours sont le lien entre l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud. Et leur magie révélatrice s’est soustraite d’elle-même du zéro, sept siècles après J-C. Le tutoriel de désamorçage de la bombe des guerres de religion est ici. Cette même bombe qui caractérise le choc des civilisations et son cercle vicieux : le contrôle exclusif de la matrice qui ne sera jamais l'objet de pouvoir que l'orgueil imagine.
Le pouvoir cryptologique des chiffres et des lettres est à double tranchant :
Il peut servir un monde d'échanges transparents en encodant de façon cohérente des systèmes de langage dont la complexité demeure au service de la simplification et de la compréhension commune du monde qui nous entoure et nous constitue. Des langues véhiculaires construites selon des règles strictes, en fonction de nos connaissances acquises et théoriques de la nature et de ses lois. Des systèmes intelligibles auxquels les contributeurs alchimistes, maitrisant les arts de la mise en solution, de la réduction et du développement (...), ont associé une valeur sémantique, arithmétique, géométrique et phonique reconnue à chacune de leurs particules. Ce qui revient à rendre infalsifiables les données de base et à rendre universels, librement accessibles à tous, les codes sources, l'architecture, l'animation et les subtilités du système. Un art hermétique, un secret d'initié qui n'en est un que parce que le grossier est attiré aveuglement vers le subtil qu'il outrage plus ou moins aveuglément et que le subtil en retour se protège du grossier.
Ou il peut permettre de rendre toute information inintelligible à quiconque n'en maitriserait pas les codes. Incapables de s’entendre, les Empires et leur autorité religieuse, culturelle et identitaire ont naturellement perdu le sens commun des signes et des symboles "sacrés" de leurs langues véhiculaires respectives, dont le sujet à conflit (dialectique) est devenu un prétexte à la guerre (échec rentabilisable de l'accord dialectique). La paix par le profit et la satisfaction des intérêts particuliers. Des anneaux de pouvoir perdus et un anneau unique qui échappe à son maître. Entre la Renaissance et le siècle des lumières, la science des alchimistes du langage apportait une solution rationnelle aux conflits politico-religieux concernant la valeur universelle et réelle des signes sacrés. C'est ainsi que nos langues véhiculaires modernes se sont mises à jour ! Bien malheureusement dans un contexte où le langage devait en à peine un siècle, devenir un simple outil de communication et de consommation.
La mise en lumière ? Peu m'importe, chacun sa vérité, tout ce qui compte, c'est d'avoir cette foutue ampoule pour s'éclairer, peu importe qui exploite qui !
Nous y SOMMES, c'est ici que le secret d'initié devient un délit d'initié. Les subtilités du langage n'étant plus protégées du grossier par leur simple nature, mais volontairement réservées à des élites qui tentent vainement d'exercer leur pouvoir sur une foule de bavardages, consommant insatiablement de l'information dont elle a perdu la substance essentielle. De nos jours toute l'ironie de ce pouvoir est ici : dans un monde bureaucratisé et numérisé dont l'administration des droits et des devoirs devient toute puissante, la protection des données devient la nouvelle chimère utopique de l'humanité en proie à l'oppression et à l'incertitude. La faute aux élites? Ne soyons pas hypocrites, ce système, nous y avons tous contribué. Comme le démontrait un Coluche, s'il n'y avaient pas de pigeons consentants pour la demande, il n'y aurait pas d'offre.
En avant la zizique :
Ce qui deviendra les voyelles sont les sons que nous pouvons émettre en continu, en fonction de notre souffle. Ces sons indiquent des tonalités, des intensités, des durées. Cette "musique" que nous produisons est un des nombreux "miracles de la vie", un miracle logique, témoignant du langage entre l’extérieur et l’intérieur. Les futures consonnes sont des liens qui permettent d’assembler les notes "émotionnelles" et analogiques en d'innombrables combinaisons pouvant traduire autant d'émotions ou de conceptualisations. Émotions, conceptualisations et conscientisations dont la transmission cohérente nécessite la construction de phonèmes (assemblage d'unités signifiantes composées de consonnes et de voyelles) et la conception de règles architecturales, dont la nature morphologique et le développement propre à chaque système, relèvent de l’immanence du langage de l’existence : L'Homme n'invente pas les particules du langage, il les fait briller en les exprimant selon ses affinités. Et il cherche à en partager le fruit, déchiré entre l'amour et la guerre, l'érotisme faisant foi de l'innocence naturelle du conflit qui devra être départagé par le libre arbitre. Ensemble, les particules et le vide qui les sépare ont une portée infinie : les champs lexicaux du ressenti. La morphologie humaine est à la base de son art phonétique, tous les Hommes ont en commun les sons qu'ils peuvent émettre et la capacité de les agencer avec cohérence dans des systèmes complexes à la mesure de la complexité du monde qui les entoure et les constitue. En revanche la façon de les agencer relève de l'art et de la méthode propres à chaque culture. Il n’y a donc jamais eu de langue "adamique", commune à tous les êtres humains. Comme nous l'avons vu, faute de pouvoir revivre notre état préhistorique, il nous faut observer nos enfants pour entendre nos vocalisations primaires communes et pour comprendre notre rapport au langage, indissociable de notre rapport à l'objet et à nos semblables. En revanche en matière d'universalisme et de langage commun, la décomposition du langage en phonèmes réduits au maximum (voyelles et consonnes alphabétiques), permet une communication (correspondance logique) entre toutes les langues parlées et promet une facilité des échanges aux empires partageant les mêmes alphabets. Les voyelles et consonnes sont les plus petites unités sonores, des particules que nous avons appréhendées en découvrant l'écriture phonétique, cette diablerie qui a révolutionné un domaine antiquement réservé aux pictogrammes ou aux idéogrammes.
La parole influence l'écrit et vice-versa. Quel sens donner à ces particules que sont les lettres ? Elles sont émises depuis l'Age de l'homme et seront dorénavant écrites. D'un point de vue phonétique, elle sont intimes et pourtant nous ne les concevons plus en tant qu'unités sémantiques élémentaires, nous les assemblons sans y réfléchir pour associer les mots (acquis) qui seuls font sens à nos oreilles. En outre, la lettre fait partie d'un ensemble fini, une base comprenant le sous ensemble des consonnes et celui des voyelles. Elle ont donc des propriétés et leur valeur ordinale et cardinale dans les mots et les alphabets ne sont pas le fruit du hasard. Nous sommes de nouveau confrontés ici aux dilemmes de l'alchimiste, qui tente d'unifier les voies du sacré et de l'intelligible, les voies de l'art et de la politique. Durant plus de deux millénaires, les valeurs sémantiques, arithmétiques, géométriques et musicologiques attribuées aux lettres ont fait l'objet d'un scrupuleux travail de maîtres et d'initiés, auxquels nous devons nos langues véhiculaires modernes. Un travail devant entrer en cohérence avec les prismes du sensible, du perceptible et de l'intelligible avec lesquels nous appréhendons notre univers.
La valeur sémantique d’une lettre se construit par la convergence de nombreux facteurs logiques, expérimentaux et sensoriels. Le facteur sensoriel primordial, nous l’avons mentionné plus haut : au temps de la Préhistoire, ces plus petites unités sonores non assemblées étaient la retranscription primaire d’une expérience directe avec l’environnement et nos semblables : les divers cris, grognements et autres sons instinctifs, mais aussi l’imitation des sons de la nature : "FFF…" pour le vent dans les feuilles et "VVV…" lorsqu’il souffle le long d’un mat creux, D, P ou T lors de l’impact d’une goutte sur une surface, ou encore le "MIAOU" d’un chat ou le R insupportable du ronfleur etc. Nous pouvons apparenter ce phénomène linguistique primaire à la notion de système analogique dû une fois encore à l’immanence : action de l’environnement et réaction innée de l’être, notamment en fonction de sa programmation génétique (sensible aux informations qu'il reçoit de l'environnement). Ces réactions, comme nous venons de le voir ont à la fois un socle commun, des manifestations variables et d'innombrables combinaisons lorsqu'elles se complexifient. C’est la magie génétique du langage ! Nous retrouvons ici le thème de la correspondance du milieu intérieur et extérieur, une question qui ne relevait plus que du spirituel, jusqu'à ce que l'épigénétique ne vienne contrarier les intérêts individualistes de notre scepticisme. Notons que le principal facteur sensoriel intervenant dans la construction de l'architecture phonétique (assemblage des lettres et des mots) demeure la musicalité. Les facteurs concernant l'expérience et la logique, disons la rationalisation, tiennent de l'évolution des sciences, des croyances, de la politique et des arts.
Intéressons-nous à l'analogie en tant que lien direct et continu entre la réaction d'un système et l'action d'un autre : les phénomènes analogiques sont classifiables et mesurables (dilatation du mercure en fonction de la température, élongation d’un certain type de ressort en fonction du poids qu’on y accroche…). Concernant la réaction vocale humaine, nous avons affaire à des gammes de notes, à des fréquences, à des modulations du souffle et de la vibration de la glotte (...), toutes ces modulations sont relatives à la nature et à l'intensité d'un stimulus. Mais le processus action/réaction n'est pas réellement direct et continu. Lorsque nous imitons un son de la nature par exemple, que se passe-t-il entre le message reçu par l'oreille et le son produit par la bouche ? Notre cerveau serait-t-il capable de numériser les informations à l'insu de notre conscience ? OR (un terme apprécié par les alchimistes), comment cette question aurait-elle pu échapper aux alchimistes du langage pour lesquels mathématique et sémantique ne faisaient religieusement qu'un ? Avec leurs moyens et leurs compétences dans de multiples disciplines, nos premiers linguistes et philologues pratiquaient donc l’analogie et la numérologie en observant des protocoles rigoureux pour préserver une cohérence dans la valeur numérique et graphique des lettres. C’est ainsi que les principales langues véhiculaires (orales et écrites) se sont structurées et ont évolué, chaque lettre étant liée à un nombre (et à un chiffre par sommation de la valeur des termes consécutifs du nombre), correspondant au rang qu'elle occupe dans un alphabet. Ceci explique les nombreuses correspondances entre les valeurs sémantiques, numériques et graphiques affectées aux lettres de nos alphabets, malgré nos différences culturelles et linguistiques. Gardons à l'esprit que nos langues modernes dérivées du latin, viennent d'un même moule mésopotamien à partir duquel se sont développées le phénicien, le cyrillique, l’hébreu, ou le grec. Comme nous l’avons vu, ce travail est le fruit d’un long et scrupuleux travail, les nuances et les illogismes ayant été corrigés ou expliqués par les linguistes, avec le temps. Dans le domaine des mises à jour par le prisme des sciences, c'est à la renaissance que nos alchimistes ont bouleversé l'ordre établi en rendant le sacré intelligible. Une révolution qui leur a valu la persécution. Comble du blasphème, certains de ces génies affirmaient déjà qu'il existait de nombreuses correspondances arithmétiques, géométriques et sémantiques entre notre latin et des langues "hérétiques" très éloignées. Comme le sanskrit par exemple, cette langue parlée par des indigènes qui ont renvoyé à l'Ouest les armées d'un Alexandre, et à laquelle nous avons le regret de devoir la preuve mathématique du zéro, unique, inatteignable et impénétrable. Le retour de cette diablerie d'énigme juive, véhiculée jusqu'à notre grandeur, par les arabes ! "Que les indiens nous fichent la paix, ici on ne s’écorche pas pour un ensemble vide, on se bat légitimement au nom de Dieu."
"Nous avons perdu notre latin" plaisante-t-on de nos jours, sans savoir de quoi nous parlons !
Héritières des langues dites mortes, les langues modernes de la civilisation judéo-chrétienne occidentale découlent de toute cette logique, de toute cette odyssée dont la lumière craint plus l’oubli et l’intelligence artificielle que les tempêtes et les orages traversés par l’enfant des eaux en quête de l’arche d’alliance.
Des signatures classiques, relatives et quantiques :
Entre autres avantages, la création des lettres (voyelles et consonnes) permet de décomposer les syllabes en caractères réduits au maximum. Une précision non négligeable comparé aux phonogrammes composés (shu, si, xi, yo, le, mu, ki, chi... Pour citer quelques exemples phonétiques). Un mot a un sens, une syllabe a un sens, une lettre a un sens, aux linguistes de faire correspondre le tout ! Une nouvelle source pour la composition et la partition des idées, et une aubaine pour l’évolution du langages véhiculaires, dont les acteurs conquérants doivent s’adapter à la complexification de leurs propres expériences. L’Homme a besoin de nouveaux mots pour définir les objets, les principes, les lois, les phénomènes qu’il découvre. Nous voilà de nouveau devant la nécessité des idéogrammes avec l’option "idéophonique" à redécouvrir (architecture réductionniste selon des bases alphabétiques). L’évolution (créativité) et l’involution (mort et renaissance) du langage sont comme deux vases communicants. J’insiste encore sur le fait que chaque langue véhiculaire s’est dotée d’une logique, prenant en considération la valeur sémantique d’une lettre, d’une syllabe, d’un mot. Un mot a une signification, parfois double, triple ou quadruple, suivant le contexte dans lequel il est employé. Les syllabes et les lettres qui le composent renvoient elles aussi à un complexe sémantique. Les philologues, avec le temps, se sont aperçus que les valeurs sémantiques de certains mots entretenaient un rapport étroit avec la décomposition de la suite des lettres et des syllabes qui les compose. Dans le même temps, ils ont utilisé ce phénomène pour créer de nouveaux mots proportionnellement au besoin de nommer de nouveaux concepts. Ils se sont aussi servi de cet art pour coder des idées qu’il n’était pas prudent de revendiquer à leur époque.
Exemple : "persévérer" et "persévérance" viennent étymologiquement du latin "persevero" qui signifie persister, rester ferme, demeurer. "Per" signifie à travers et "sever" renvoie à la notion d’austérité, de dureté, de rigueur (severitas et severus). Dans sa connotation négative (l'obstination), "persevero" s’oppose à "percenseo" (faire le dénombrement complet) ou à "persentio" (ressentir profondément). La persévérance (dans un domaine particulier) pouvant s'opposer au juste milieu requis pour conserver l'équilibre et la possibilité de la plénitude. Observons de plus près le radical de cette construction latine associant la notion "au travers /percer /traverser" à celle de rigueur et de sérieux. Severitas et severus sont composés de la racine "ver" indiquant la vérité. Pour l'Homme, la vérité est un concept abstrait qui se situe à la confluence d'une croyance en un système issu de la conscience et représentatif de la réalité perceptible et intelligible, et de l'emploi du langage correspondant à cette vérité à laquelle s'applique le symbolisme phonétique. La construction étymologique de ces mots pose une question existentielle : pourquoi s’obstine-t-on ? Pourquoi et comment cherche-t-on à atteindre, à percer, à voir au travers ? Et au travers de quoi ? Quel est l'axe de pensée faisant référence en tant que base fiable et constante (axiome), quel est le sens de notre persistance physique et morale (ver/vers/versus) ? "Severus" commence par un S qui symbolisait la dualité, le serpent et la courbe sinusoïdale (mouvement progressif non angulaire, circulant entre deux bornes ou points d'appui opposés sans discontinuité). La lettre hébraïque Samesh signifie appui ou colonne (segment soutenant deux opposés par deux points d'appui). Apparait ensuite EVE… Un hasard ? La construction EVE latine est une variante du nom hébraïque, avec deux E (lettre hébraïque hé) et non un H (lettre hébraïque het) initial et un E final. Cette construction reprend la racine trilitère HWH dont provient le "tétragramme de Dieu" YHWH. Le V latin renvoie à la fonction grammaticale et symbolique de la lettre hébraïque "vav", qui représente le féminin et la beauté (Eve). Cette lettre nous permet de jouer avec la notion d’ambiguïté et d’ambivalence et possède en hébreu la faculté d’inverser le temps ou encore le genre, des objets signifiés (principe génétique, matriciel du féminin). Par le prisme scientifique, HWH indique l'unité relative de la matrice (W) en un point 0 relatif, sur une droite reliant les deux "barrières" opposées des infinis liés à la relativité (plus et moins et donc haut et bas, infiniment petit et infiniment grand...). Reprenons le préfixe PER : d'un point de vue analogique, percer, pénétrer, connaître "en allant et en venant" et regarder au-delà (...) sont des notions reliées au principe masculin. Le masculin défini, Adam nomme. Per ne seront pas par hasard les initiales de père et l'ancêtre phénicien et hébraïque de la lettre P signifiait bouche. Son équivalent grec est Pi, qui indique le rapport entre le périmètre de la courbe fermée parfaite (orifice) et son rayon phallique (linéaire). Pi est "érotiquement" lié à Phi, le nombre d’or (proportion esthétique impliquée dans de nombreux phénomènes mathématiques, notamment en géométrie). Quelles que soient les cultures, Phi a longtemps été considéré comme une valeur importante et toute particulière, un juste milieu discret par exemple ou une divine proportion. Il intervient dans le symbole du yin-yang ou dans la graphie commune des chiffres 6 et 9. Passons à la lettre E : Avant de devenir le symbole de l'énergie, l'ancêtre de notre E indiquait les louanges, la porte à clairevoie. Et enfin, la lettre R indiquait la tête (centre des décisions).
Résumons : S’obstiner, vouloir percer, passer au travers, aller au-delà des barrières et des frontières… Au travers de quoi ? De quelles barrières ? Quelle est la nature de l'obstacle ? Quel est le rapport du point au cercle par le rayon ? Pourquoi cherche-t-on à connaître, à percer et à voir au-delà ? Les épines de la rose protègent sa beauté dirait un alchimiste. Une quête non assumée par l’homme, ainsi que par la femme dont on a fait un Homme comme les autres semble-t-il. En bons alchimistes, les linguistes français ont suivi la piste étymologique ici décrite, ainsi lorsqu’on entend persévère, on entend aussi "perce Eve erre". L'errance ayant une connotation positive (accord et équilibre entre yin et yang, entre mouvement et inertie, entre nomadisme et sédentarisation) ou négative (désaccord, déséquilibre, désharmonie entre les mêmes caractères). "La vérité si je mens" oserais-je dire pour faire de l'humour juif. Mais restons sérieux, persistons dans la sévérité : "Qui sans son consentement cherchera à percer Eve (la matrice de la vie), errera autour du sanctuaire". Remarquons que dans persévère, on entend aussi "père sévère". L'alchimie est au langage, ce que la quantique est à la physique. La persévérance a donc un sens apocalyptique relatif à l'ironie du pouvoir. Un avertissement dissimulé dans la construction alchimique du terme, que le bilan de notre Histoire et surtout notre actualité, ne contredisent pas ! Un avertissement lancé à une société patriarcale contrariée dont le lissage des genres se solde non par un accord entre "le yin et le yang", mais par une réification globale de l'être, en l'absence de mise en solution du domaine de la lutte (conflit/dualisme dialectique). Une entité politique sociale fondée sur le rapport dominé/dominant (ou maître/esclave) et l’instrumentalisation de l’être et de l’avoir.
Ce jeu sémantique est-il le fruit du hasard ? Une des particularités de l’immanence du langage ? Un effet volontaire de nos linguistes alchimistes ? Tout cela à la fois semble-t-il.
Le champ sémantique ouvert par l’écriture en voyelles et consonnes nous ramène donc à la notion d’immanence : communément, l’homme pense avoir inventé le langage alors qu’il ne fait que le découvrir peu à peu. Au passage, nous venons de comprendre que le langage des oiseaux n’est pas qu’un surprenant hasard, mais une manifestation logique de l’évolution des langues, un présent (cadeau) du jeu de l’existence et un système de codage pour des linguistes vivant aux temps des persécutions, aux temps de l’obscurantisme et de l’inquisition radicale.
Pourquoi crypter ? Pour de bonnes raisons : se protéger ou coder des vérités politiquement incorrectes à l'attention de ceux qui le méritent ou le mériteront. Ou pour de mauvaises intentions qu'il est inutile de décrire. Ce qui nous amène à penser que la cryptographie et la cryptologie forment un pouvoir au service de la vérité ou des avocats du diable, veillant aux obligations de résultat des intérêts particuliers. L'histoire du bitcoin illustre bien ces propos lorsque l'on comprend que son créateur anonyme pensait œuvrer pour la défense de la liberté, alors qu'il amorçait une guerre (sans nom) entre l'autorité des états et les entités alternatives dématérialisées (multipliées par la révolution informatique), séduisant autant l'espoir d'une majorité d'êtres humains à bout de souffle, que les intérêts des prédateurs et autres criminels faisant le jeu du pouvoir. L'illusion du code fort séduit autant les gendarmes que les voleurs, sa version "rebelle" associée à la cryptomonnaie compose une nouvelle chimère compétitive qui repose néanmoins sur le même vent que le système classique qui en était l'accusateur avant d'en devenir actionnaire.
La compréhension des lois et des sentiments qui nous unissent, tout comme le Graal de ce roi perverti qu’est l’homme, sont cachés sous notre nez dans la trame de nos propres langages !
Épilogue :
Le langage, pour revenir à l’introduction de cet article, désigne à la fois le tissu d’informations qui relie les principes, les lois, les interactions et l’observateur (le langage de la nature au sens large), et la façon dont l’observateur exprime ce dont il témoigne. Nous venons aussi de méditer sur le fait que l’analyse des règles, de la structure et des éléments, propres aux différentes langues humaines, nous ramenait à la logique et aux principes qui régissent les interactions dans l’univers que nous connaissons. Immanence.
Le langage est la signature de la double nature de la substance, telle qu’un Spinoza la concevait.
Partout et nulle part, il est au cœur du fonctionnement de l’univers et de la vie, il est aussi ce qui les révèle à l’observateur et ce qui permet à ce dernier de partager son expérience et de répondre aux questions pratiques et existentielles. Nous venons ici d’appréhender ses formes orales et écrites complexes, mais n’oublions pas qu’un simple regard, un simple geste est aussi une manifestation du langage.
Partie 23/4
La banalisation de la sorcellerie, le secret d'initié et le désenchantement du monde :
L’Homme jouit d’une liberté relative dont le caractère conditionnel ne lui plait guère ; enclin à l’hypocrisie il se fait un véritable complexe de la question du libre arbitre. L’Homme, au sens large, est à la fois le maître et l’esclave, la personne (ce qui retentit, se manifeste) aux mille et un visages. Une victime des autres et un bourreau de lui-même, un bourreau pour les autres, victime de lui-même. Accablé par les forces qui se déchaînent sur lui en conséquence de ses faiblesses et de ses expériences avec le pouvoir, il n’a pas fait le choix d’un royaume ou d’un empire au sein desquels la déconstruction du langage et les révélations qui en découlent se partagent en toute clarté et s’enseignent publiquement. Bien au contraire, le langage est vite devenu un instrument tout-puissant de manipulation et un outil communément dénaturé ou falsifié. Un outil de conquête par la politique, avant la réconciliation des théories et des résultats par les autorités réductionnistes (sciences) et religieuses. Le bilan est un des moteurs du choc des civilisations.
Depuis l’Antiquité l’hermétisme qui recouvre l’art du langage n’empêche pas l’éducation du peuple, bien au contraire : l’accès à l’éducation et aux livres (papyrus pour l’époque romaine) permet un conditionnement et une hiérarchisation des tâches très efficaces. Le piège est ici : la somme des individus, la masse, forme une entité irrationnelle, qui orientée et cultivée devient "impériale" et inexorablement vouée à la croissance et à la conquête. Conditionné, chaque individu de la masse abandonne son libre arbitre et ignore la nature et la substance du langage avec lequel on l'éduque, qu’il considère et utilise comme un outil prêt à consommer. Nous avons ici la signature d’une expérience de masse titanesque et auto-alimentée, échappant au contrôle de l’expérimentateur (L'Homme au sens large). Les moyens et les intérêts particuliers sacrifiant les ressources et les besoins essentiels, la simplicité et la complexité deviennent deux têtes chimériques qui se dévorent l’une l’autre. Pour exemple, malgré le taux d’alphabétisation sous la Pax Romana, la dissolution progressive de l’Empire et la pénurie de papyrus ont entrainé la raréfaction des livres et l’augmentation de leur coût, plongeant ainsi l’Europe dans un Moyen-âge marqué par l’illettrisme. Tandis que les arabes récupéraient le secret du papier (Chine) et du zéro (Inde), l’Empire romain occidental sombrait peu à peu dans l’obscurantisme, devant ainsi assumer des conflits intérieurs sans nom et des invasions dites barbares.
Le langage et l’écriture ont donc un versant public et un versant hermétique (que se réservent les "élites"). Présents de révélation, ils sont aussi instruments de manipulation. Et par extension : ils sont la base d’un système d’exploitation dont les éléments domestiqués, éduqués ou non, n’utilisent et ne répondent qu’aux formes les plus basiques, les plus fonctionnelles, pour discuter de leurs droits et accomplir leurs devoirs. La substantifique moelle de l’art du langage étant réservée à des apprentis sorciers qui se considèrent hypocritement comme des élites légitimement élues. Depuis l’Antiquité, l’avidité humaine a fait de l’écriture le vecteur principal du consumérisme. En premier lieu la culture et le sacrifice intensifs du végétal et de l’animal (papier et encre), puis la forge qui permettra l’imprimerie. Un de ces feux composant le laboratoire exclusif dans lequel l’Orgueil des nations fabrique ses anneaux de pouvoir.
Cependant tout bien ou outil mal acquis et mal utilisé ne profite jamais éternellement. Et tout pouvoir subtil arraché à la nature par de mauvaises intentions finit toujours par échapper à son utilisateur. À mesure que l’essence de la vie lui échappe, l’Orgueil s’évertue à chercher l’anneau unique qu’il a perdu lors de sa première grande bataille contre lui-même (fin de l’Antiquité). Mais ce qu’il a perdu en réalité est à la fois bien moins et bien plus qu’un instrument de puissance et de contrôle de l’Être… L’intelligence artificielle de l’Empire cherche donc sa pièce maîtresse pour se doter d’un NOM ? Cet anneau est la malédiction posée sur le langage, révéler enfin ce dernier revient donc à détruire l'objet de pouvoir cor/rompu que l'on en fait, en le plongeant dans le feu dont il est issu.
Si irrévocable soit la loi de l’entropie et quelle que soit la complexité croissante des problématiques que nous engendrons, les réduire et les résoudre (mettre en solution) nous ramènera à la simplicité de toutes les merveilles que nous avons oubliées. Doit-on attendre la mort ou la fin des temps que nous connaissons pour réconcilier les têtes qui se dévorent l’une l’autre ?
Un simple cri, un simple sourire, un simple regard, disent tout !
Je vous donne rendez-vous pour un prochain article, consacré à ces secrets bien gardés qui se trament derrière l’Histoire des langues véhiculaires et de l’écriture.
La troisième partie de ce petit manifeste électronique pour mages et moldus égarés. Un conte de Noël !
C.A.B
OUPS.... Désolé, quelques temps après la rédaction de cet article et du suivant, Arte semble avoir interdit l'accès gratuit à ses documentaires sur les origines de l'écriture,. Je vous conseille néanmoins de vous les procurer et de les mettre en équation avec nombre de mes papiers.