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Le blog de Persone

Huxley, Orwell... Prophéties d'hier et d'aujourd'hui

11 Décembre 2020, 23:01pm

Publié par Persone

Huxley, Orwell... Prophéties d'hier et d'aujourd'hui

Un homme du peuple, écorché, fumeur invétéré, qui survit à une balle dans le larynx et meurt d’une tuberculose. En face, dans la même dimension prophétique, un intellectuel bourgeois qui trépasse d’un cancer de la gorge amorti par le LSD. Deux Hommes qui étaient fait pour se croiser !

L’issue de la guerre froide a donné raison à Huxley pour une vingtaine d’années, mais le totalitarisme confiné et réduit à l’exotisme ne camoufle plus les nombreux visages qu’il peut revêtir de nos jours. Celui du Big Brother Chinois par exemple ! Ou ce que pourrait être une civilisation judéo-chrétienne moribonde, poussée à utiliser la puissance militaire et technologique pour mater la crise interne du consentement, les invasions virales venues de l’Ouest et de l’Est (...) et la colère, la faim,  puis la soif venues du Sud. Le meilleur des mondes/Big Brother, les deux font la paire. Seul détail omis par nos deux « prophètes » : le facteur environnemental, qui pourrait bien tourner au No man’s land de 1984, devant l’épineuse question de la nécessité de la réduction de la masse humaine… Ou au meilleur des mondes, en version planète 100% technologique, une terre sans terre et une civilisation nourries par l’énergie solaire après épuisement des ressources.

Alors… Victoire de l’eugénisme et de la sérendipité ? Ou aboutissement du choc des civilisations et avalanche de violence ?  Ou… Prise de conscience ? Parce que si je ne m’abuse, ces deux auteurs ne faisaient qu’indiquer un futur à double visage, ambigu donc, mais fortement prévisible ! Et ne se prenant pas pour des prophètes, ils tenaient plutôt à jouer sur le ressenti du public (peuples et gouvernants), pour choquer, alarmer et donc conjurer le sort. Une sorte de travail de spéculation pour la bonne cause.

Comme de nombreux auteurs en quête du Graal (réduction ultime de la dramatique comédie humaine et solution), Huxley et Orwell nous mettent sur la piste du langage. Une piste difficile que même les plus téméraires n’osent remonter jusqu’à sa dimension arithmantique. L’immanence du principe du langage, ainsi que sa découverte, sa transcription, son application et son instrumentalisation par l’Homme est un sujet couvert d’un hermétisme plurimillénaire. L’art de l’arithmancie hermétique et la question de la construction/déconstruction du langage forment un domaine de recherche qui a fait couler plus de sang que d’encre, comme en témoignent les destins tragiques de nombreux intellectuels. Je cite Pierre de La Ramée et Etienne Dolet pour faire référence à une époque à laquelle on ne pratiquait pas encore le Soft-Power.   

A méditer… Le prévisible est effrayant, donnons donc sa chance à l'imprévu! Toutes nos découvertes s'affrontent comme tant d'opinions qui se stérilisent mutuellement? Regardons donc ensemble là où chacun s'est bien gardé de mettre un œil!

 

Épilogue:

Au-delà des visionnaires des temps modernes, il y a les prophéties qui découlent de la tradition primordiale. Des prophéties utilisant des métaphores  propres à leur époque, des temps où l’administration des affaires humaines permettait encore un dialogue et un langage communs entre les sciences, la philosophie, la métaphysique, la religion et les pratiques spirituels. Une époque où les forces qui opposaient la notion d’alliance sacrée à celle d’accord tacite, avaient encore « taille humaine », la bureaucratie et la technocratie n’ayant pas encore pris la forme d’une expérience « too big to fail ». L’expérience Babel, qui finira par dévorer ceux qui la pratiquent. Une expérience moderne qui bien avant d’incarner un système exponentiel (ère industrielle) s’est cristallisée sous l’Empire romain.

Plus de 2 milliards de chrétiens, plus de 1 milliard et demi de musulmans, plus de 14 millions de juifs rompus à l’exercice du traqué/traqueur, plus de 1 milliard d’hindouistes, environ 500 millions de bouddhistes… pour une population de bientôt 6 milliards de croyants ou millénaristes. En Occident, la sécularisation pacifique des affaires identitaires et religieuses se fragilise ! L’Islam semble envoyé en première ligne, armé autant par les accords tacites conclus avec ses vieux ennemis, que par la montée en puissance des nationalismes et l’émergence des revanchards de l’Histoire.  Le réveil des religions, l’avènement contrarié du Nouvel Ordre Mondial et l’affaiblissement de la civilisation judéo-chrétienne font frémir ! Mais laïcité oblige, on ne parle d’eschatologie qu’à demi-mots… On lui préfère la collapsologie, qui partage néanmoins avec elle la réputation d’oiseau de mauvais augure. On ne parle plus de tribulations mais d’hystérèse, d’anthropocène et d’entropie, on ne parle plus d’apocalypse mais de fatalisme, repoussé par l’intelligence humaine, si extravagante soit-elle.  

Rien de plus prévisible que la mort d'un système, rien de plus manifeste que le cycle de la croissance, de la maturité, de la dégénérescence et de la fin! Les constantes universelles se constatent dans un premier temps sans l'aide de la technologie ou de la grande académie des sciences et des industries, ces dernières ne faisant que les vérifier, les préciser ou les corriger le cas échéant.

Ce qui n'est pas prévisible, ce sont les variables et donc les multiples scénarios possibles s'inscrivant dans les processus cycliques de l'Alpha jusqu'à l'Oméga de l'ensemble global considéré (l'univers, notre galaxie, notre système solaire, la possibilité de vie sur notre terre, ou encore la fin du règne humain). D'où les métaphores des textes fondateurs, qui n'ont ni le rôle ni la vocation de divinations, mais plutôt celui de socle contenant la mémoire, la voix des morts et les enseignements/avertissements du passé. Le langage génétique et la génétique du langage, la tradition orale, le Livre. Néanmoins nos patriarches, premiers bergers (pâtres) de l’arche d’alliance*(1), avaient une acuité et des capacités d'abstraction et de réduction moins dégradées que celles de l'Homme dit amélioré.

Or, toutes les traditions dites primordiales stipulent que la vérité s'incarne d'elle-même et que l'Homme finira par s’apercevoir qu'il est lui-même le concepteur et le geôlier de la prison gravitationnelle, l'île de souffrance dans laquelle il agonise. J’ose ici une métaphore du phénomène de masse critique que l’on atteint lorsque les moyens engendrent des besoins particuliers et une croissance irrépressible, de façon exponentielle. Au détriment des besoins fondamentaux, au détriment de l’éthique engageant la responsabilité de l’expérimentateur, au détriment des ressources environnementales. Une masse dont même la Lumière, qui fut pourtant le symbole de notre progrès, ne peut plus ressortir. Un trou noir artificiel donc, une singularité qui ne tient qu’à la façon dont la conscience humaine gère ses rapports à l’autre, commande à ses mains bonnes à tout et maîtrise sa faculté à modifier l’environnement.  

Que l'Homme attende d'avoir construit ou utilisé l'arme ultime susceptible de l'atomiser, avant de prendre conscience de la place qu'il a sur terre, cela aussi est très prévisible ! Ça s'appelle "faut bien qu'expérience et jeunesse se fasse!"... Reste à savoir ce que les masses, maîtres et esclaves confondus, sont prêtent à sacrifier avant de mériter une issue salutaire à notre désastre. "À la dernière guerre de l'anneau" pourrait-on dire en considérant le bilan géopolitique.

D'où aussi l’ambiguïté de la notion de finalité et d'apocalypse. Révélation de ce qui demeurait caché.

L'Homme persiste à être l’expérience (en tant que créateur) et dans l'expérience. Au dehors, au-delà ou en deçà, aucun point de vue ne semble admis. Cela a empiré depuis la compartimentation des connaissances, des sciences et des carrières! Et empiré encore avec la séparation hypocrite des affaires religieuses et étatiques. Lui-même fragmenté, brisé et endetté dès la naissance par son héritage, le super Sapiens est aujourd'hui le jouet de sa propre expérience.

Une relecture de nos textes fondateurs sous le prisme de nos nouvelles connaissances en matière de sciences, est la seule chance que l’on ait de résoudre la fracture entre l’ingénierie intérieure et l’ingénierie extérieure (entre la sémantique religieuse, spirituelle, artistique et métaphysique et la sémantique réductionniste et politique) ! Et la seule chance de trouver enfin un accord commun irrévocable et rationnel entre Juifs, chrétiens, musulmans, bouddhistes, animistes… Sachant que ces fractures millénaires sont le nerf de nos altérités réciproques et donc le nerf du choc des civilisations qui se larve derrière la sacrosainte compétition économique.

C’est un débat essentiel qui devrait être porté sur la place publique, il est pourtant ignoré de tous. Tous comme un accidenté qui étouffe sous la cloche des badauds qui s’improvisent médecins, la vérité s’évanouit souvent sous la masse d’opinions qui la piétine en la cherchant.

Le salut est toujours là où nos faiblesses et nos vices ne regardent pas.

 

Note de bas de page :

*(1) : L’Arche d’alliance au-delà des clichés : l’arche en hébreu est « ‘arôn » ou «  tevah » suivant qu’il est l’artefact symbolisant le sanctuaire de la mémoire de l’exode et de la séparation des eaux (thème de la naissance d’une nation porté par le personnage de Moïse) ou plutôt le panier puis l’embarcation, tous deux liés au salut de Noé dont Éon est l’anagramme (notion d’archétype  et de palier d’évolution). Autres notions relatives à l’arche d’alliance : arc spatiotemporel, terre émergée promise à la vie, voûte céleste, arche d’une fondation possible entre les animaux qui respirent et prennent conscience de leur souffrance, de leur sexualité… Un jardin attendant un jardinier en chef : le fils de l’Homme.

C.A.B (Personne)

Je vous présente de nouvelles excuses, une fois encore Arte a retiré ce documentaire des espaces gratuits ! J'en profite pour soulever quelques questions, non sans relation avec mon article: peut-on vendre de la vérité ? Dans quelles conditions, jusqu'à quel point? Cela a-t-il des conséquences... 

Malgré les nombreuses tentatives des brigades du positivisme, la grande entreprise humaine fait face à une crise majeure du consentement, au regard d'erreurs qui ne peuvent plus être niée à l'échelle des civilisations et de leur consumérisme. L'esprit critique se vend donc bien et concurrence les produits de la bonne conscience ! Alors on fait pour faire, on le multiplie et le vend cet esprit critique, tant qu'on peut...

De bon germes pour un futur papier...


   

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