Des Simone qui enflent, des Simone qui veillent
"Personne n’est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu’un homme inquiet pour sa virilité". Simone de Beauvoir - Le deuxième sexe.
Si l’on part du principe que depuis des millénaires et avant de libérer le sexe féminin de son carcan, le mâle dominant a figé les langages théologiques, réductionnistes et politiques pour se retrouver comme un con dans un monde de brutes consuméristes, peuplé de gentils machos complexés par la toute puissance et de femmes qui deviennent des hommes comme les autres… Alors oui, la proposition est pertinente !
Mais l’auteur le concevait-elle ainsi ? Beauvoir plus féministe et plus réaliste que Badinter ? Possible ! Plus conservatrice peut-être… Dans quel sens du terme ? Mais plus délicat : comment une telle affirmation peut-elle être interprétée par nos cœurs désenchantés… Emportés par la foule ?
Tel est bien le but d’un aphorisme : être concis et suffisamment percutant pour gagner le plus grand nombre… Et un aphorisme populaire est un gage de notoriété et souvent l’illusion d’un pas vers la postérité. Malheureusement, en souhaitant trop réduire, trop vulgariser, trop simplifier, nous obtenons souvent des adages contextuels libres d’interprétations qui n’ont plus rien d’universel. « Trop de quelque chose finit par noyer la chose, impossibilité de l’absolu et dualité obligent ! » Exemple : la vitesse d’une flèche est mesurable de façon sûre si nous la mesurons depuis le tireur, mais elle reste relative à chaque tir, dépendant de la puissance et de l’usure de l’arc, comme des innombrables facteurs liés à chaque tireur et à chaque tir ! Et si nous mesurons cette vitesse à partir d’un autre point que le tireur, elle est d’autant plus relative et donc changeante en fonction de la position ou de la vitesse de l’observateur. Longtemps les hommes se sont convaincus de la vitesse de rotation du soleil autour de la terre jusqu’à ce qu’ils comprennent que le phénomène était inverse ! Longtemps nous avons supposé que la vitesse de l’axe devait être nulle, jusqu’à ce que l’on s’assure de l’existence et du mouvement de notre galaxie, etc… Il en a fallu du temps pour avoir une vraie référence en matière de vitesse ! Un archer et un arc d’une constance inébranlable : principe de 3 ! Et une flèche révélatrice sans masse : le photon. Moralité, on peut supposer que le fait de trouver une phrase courte qui résume l’ensemble d’un problème prend autant de temps que le fait d’achever une étude sur le sujet, puisque cette phrase est en réalité la solution du problème. L’artiste lui-même ne peut transcender suffisamment sa propre condition pour peindre ou sculpter une œuvre totalement universelle et lorsqu’il s’attaque à une œuvre devant signifier un axiome fondamental, il y passe autant de temps qu’un chercheur sur ses feuilles de raisonnement. Or, la relation féminin/masculin, la dualité et la complémentarité des signes font justement partie des questions universelles qui régissent notre existence et nos milieux (intérieur/extérieur). Tout comme la frustration chez l’homme et la femme demeure une des sources fondamentales de la mécanique de notre souffrance. Une des clés qui déverrouille le coffre des mystères avec lequel nous occultons l’origine du consumérisme et de l’anthropocène. Que dire des problèmes de frigidité ou d’érection et de leurs relations avec les interactions « individu/empire ? Individu : personnalité dite physique. Empire : personnalité dite morale. Notons aussi que l’artiste des textures, dans son accomplissement, possède un net avantage sur l’écrivain : un tableau peut résumer nombre de choses arborescentes en un seul visuel, ce qui n’est pas le cas d’une courte proposition !!!
Autrement dit, méfions-nous des adages comme de la publicité et tentons d’élargir le champ de cette proposition pourtant célèbre de Simone de « Beauregard » :
La femme et surtout l'enfant n'ont pas été épargnés par la puérilité cruelle de l'humanité! Par le jeu pervers et primaire du dominant et du dominé, du maître et de l'esclave... Mais le temps passe dans la cité des Hommes et la vengeance au féminin se mange froide… Concernant les enfants ? Elle les déguste inconsciemment, un complexe freudien dit-on sans prendre garde à l’imposture. Ces enfants qui s'adaptent pour le meilleur et pour le pire à un monde barbare et cruel doté des sacrosaintes excuses divines ou darwinistes!
Un monde où l'on cultive raisonnablement l'impossible a de fortes chances d’être détruit par la folie de ses propres enfants! Question d'équilibre...
On ne peut que comprendre le féminisme de Beauvoir, mais ce n'est qu'un militantisme comme un autre et l'expression de notre complexe d'incomplétude global! Réparer n'est pas faire de jolies phrases cyniques, si pertinentes soient-elles dans le prisme par lequel elle nous a été inspirée! Le risque ? Que le commun des mortels, n’ayant pas le temps de philosopher comme les "génétiquement mieux faits" ou "socialement mieux nantis", prennent la boutade pour argent comptant et s’en serve pour perpétuer la guerre des sexes !!!
Contre exemples à la proposition : un homme respectueux de la gente féminine peut être amouraché à une épouse ayant inconsciemment caché son caractère castrateur au début de leur amour et ne pas vouloir s'en détacher pour X raisons autre que le sexe! Si le malheureux s’en trouve affecté et commence à s’inquiéter de la situation, est-il donc méprisant sans le savoir? Peut-être! Mais dans ce cas, le mépris concerne autant le masculin que le féminin et il est réciproque ! La réparation est à double sens.
Autre exemple : un homme ruiné, incapable de nourrir sa famille peut être atteint de troubles somatiques comme la dégradation dentaire et développer un complexe d’impuissance ou un cancer des testicules ! Celui-là aussi est méprisant envers sa femme?
Sartre et Beauvoir partageaient des relations reflétant un Occident en quête de renouveau! Camus les avait alertés de cette légèreté dangereuse dissimulée derrière l'apparente gravité de la paternité occidentaliste! A propos du sexe? Non…
À propos du meurtre, du conflit militaire et de la tuerie de masse, qui demeurent néanmoins les conséquences plurimillénaires de la guerre des roses.
Et à propos du sacrifice de l'enfant et de la beauté SIMPLE de ce monde!
Nietzsche et Schiele portaient mieux que personne ce poids du désir sacrifié par le vulgaire, la sophistication et le sentiment illusoire de nos victoires!
La vie est tellement bandante!!! Pourquoi faut-il que nous persistions à demeurer des remèdes à l'amour!
Epilogue :
L’Homme a obtenu ses droits en 1789 dit-on. Et la femme en particulier dans la seconde moitié du XXème siècle.
Voyons les choses autrement :
Aveuglé par la Lumière (Thomas Edison©), l’Homme a obtenu le droit de s’exploiter lui-même et deux siècles plus tard, il a invité sa femme qui s’emmerdait à compter les sous dans la cuisine, à voguer sur sa galère.
Un cachot plurimillénaire pour le féminin et une sortie subite, en grande pompe ! Jusqu’aux flash lights, dans une société où les corps défilent comme des objets de consommation et des arguments de vente. Dans leurs clapiers, les lapins s’oublient, on régule les naissances, on régule la croissance… Du moins théoriquement… « Dois-je maudire ou remercier Cassandre ? Mais qui c’est celle-là ? Vous voulez me dire quelque chose sur mon homme ? »
Obtenu le droit de s’exploiter lui-même ? Entendons-le sans pour autant réduire les écarts de fortune et les inégalités les plus dramatiques. Au nom des promesses de la compensation matérielle, virtuelle s’il le faut… Au nom d’une main invisible qui régit la grande compétition mondiale. Plus d’esclaves, juste des salariés hiérarchisés ! Aucune réconciliation concernant les innombrables forces en présence caractérisant la bouilloire humaine, mais une arme absolue pour les trouver tous et les gouverner tous : le profit, la promesse de la réussite et la possession matérielle. Une démocratie construite sur un paradoxe vénéré comme omnipotent, une justice nécessairement à deux vitesses et un moralisme aussi corrompu que celui qui le précède…
Des accords hypocrites et un empirisme globalisant illégitime !
Tout cela acté par de nouveaux vainqueurs après le sacrifice du père, promu par les profiteurs et signé par défaut par les autres. Pas étonnant donc, que ce mode de vie « lumineux » devint vite l’élevage intensif que nous connaissons aujourd’hui !
Où trouver l’énergie pour faire bander toutes ces nations dont les besoins et les fantasmes augmentent dangereusement au fur et à mesure que l’offre précède la demande, révélant un invincible effet secondaire de la cure matérialiste ? Le syndrome de l’île de Pâques, version globale !